Monday, July 21, 2025

 

Stéphane Mallarmé, « Brise marine » (1865)

Texte
Brise1 marine

Ce poème de jeunesse fut publié par Mallarmé en 1865 dans le recueil poétique collectif Le Parnasse contemporain, dans le sillage des Fleurs du Mal de Baudelaire. Il traduit l'impossible quête de l'absolu qui hanta le poète toute sa vie.

La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend,
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer2 balançant ta mâture3
Lève l'ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Poésies, 1899.

No comments: